2 septembre 2010

L'attentat de Yasmina Khadra



Connaît-on vraiment une personne ? Connaît-on ses secrets, ses pensées, ses désirs ? Connaît-on vraiment la personne avec laquelle on se lie pour la vie ?

Quelle fut l’horrible surprise du Dr Amine, israelien aux origines arabes, d’apprendre que sa propre femme s’était fait exploser en plein centre de Tel Aviv. Comment son amour a t’elle put devenir une kamikaze ? Elle qui était si douce…
Ce drame marque le début d’une quête, les « pourquoi » et les « si » ne cessent de le ronger…. Où a-t’il fauté, que cachait-elle ? Vivaient-ils dans le mensonge ? 

Il veut comprendre pourquoi sa bien aimée à choisi ce sentier, c’est désormais tout ce qui l’importe.

A travers sa recherche, le Dr Amine ouvre les yeux sur l’utopie de sa vie… L’illusion d’une existence épanouie. La vie qu’il mène dans un pays divisé et déchiré par le conflit israelo- palestinien. Une réalité qui, pour lui, n’a pris de sens qu’après l’attentat.
Ce roman bouleversant, prennant et marqué par une certaine poésie contraste avec la brutalité des faits. Un roman mémorable par ses émotions et la réalité, qui malheureusement, n'en finit pas, encore aujourd'hui...

Yasmina Khadra, pseudonyme de M. Moulessehoul, algérien à l’ancienne carrière militaire, a cette facilité  d'emporter le lecteur. Ses romans à l’aspect sombre ont pourtant, à mon sens, une mélodie touchante dans l’écriture.

Leila

15 août 2010

Algerian Pride



Je gonfle ma poitrine. Je fronce les sourcils. 
De l'autre côté de la mer, on me traiterait de macho. Ici, on parle de fierté, de dignité.

Je vous semble dur et tranchant comme du silex. Mon regard vous transperce. Mon poing fermé et ma mâchoire serrée laissent présager des débats houleux.

Je suis sec, rude, sauvage. Indomptable.

Vous le savez, je peux être avenant, accueillant, fraternel. Je peux tout vous donner. Mais manquez moi de respect, osez insultez mes parents, je sors mon couteau et je vous arrange le sourire.

Je marche toujours droit, je ne réclame jamais une cigarette aux passants, j'embrasse tout le temps les pieds de ma mère sous lesquels se trouvent le paradis. Même sans un centime en poche, je ramène toujours de quoi manger à la maison.

Cette terre est à moi sans qu'on me laisse la possibilité d'en vivre. On croit me corrompre, on pense que je ne sais pas tout ce qu'on me vole. On suppose que la misère me suffit. Les khalifes meurent, la terre reste.

Je gonfle ma poitrine parce que la fierté est tout ce que possède un algérien.  Le reste nous est dérobé. 

31 juillet 2010

La terre et le sang

Mouloud Feraoun


«
La Terre et le Sang
relate l’histoire d’Amer, un garçon de 14 ans, envoyé à Paris avec des voisins. Cela se passe avant la Première Guerre mondiale. D’abord cuisinier de la petite colonie de son village, le jeune Kabyle ne tardera pas à travailler dans la mine, comme ses compagnons. Un soir, il tuera accidentellement un de ses compatriotes. N’osant plus rentrer en Kabylie (où il risque d’être exécuté par la famille du défunt), il décide de vivre désormais en France. Quinze années passent. L’appel du sol natal et le désir d’une existence plus simple l’emportent sur la prudence. Accompagné de sa femme Marie, une Parisienne que la vie a meurtrie, il rentre dans son village. Deux ans après son installation, la tragédie éclatera... »


Propos recueillis par Maurice Monnoyer et publiés dans L’Effort algérien du 27 février 1953.


30 juillet 2010

Commerçants de la Masra

Commerçants de la Masra, Mostaganem



Photographie gentillement offerte par Sarah Amar pour le blog "Nedjma, identité poétique".


28 juillet 2010

El Journane

El Journane est un magazine d'actualité revue par de jeunes Algériens.
Un ton de liberté jouissif règne sur ce site qui profite d'une fraîcheur étonnante.
Son côté underground et fédérateur offre un côté subversif tout en étant pertinent.

Le pendant plus que parfait de « Nedjma, identité poétique ».




« Nous sommes considérés comme l'avenir sans pour autant être représentés dans le présent
Nous sommes trop souvent inaudibles dans la société.
Nous représentons 70% de la population Algérienne
Nous fuyons le pays par bateau, avec ou sans vis
Notre avis est très peu représenté
...nous sommes donc ?
Exactement... nous sommes la jeunesse Algérienne.

Pourquoi le jeune algérien ne s'intéresse plus à rien ? Car il est loin d'être écouté ou consulté ! 

Ce site est donc lancé, comme plateforme interactive, avec des rubriques variées. Ceci n'est pas un site d'infos journalistiques professionnelles, mais un endroit où on discute dans un style léger, même insolent, et où l'on commente l'information... L'actualité vue par de jeunes algériens. Cette actualité si souvent tronquée, cachée, éparpillée, en langue de bois et mots compliqués.
El Journane c'est nous mais c'est aussi VOUS. El Journane veut faire la promotion de toutes les initiatives jeunes ; qu'elles soient écrites, artistiques, professionnelles ou sociales.
Tamazight, derdja, arabe classique, français ou autre langue; le plus important est ce que vous avez à dire, pour la forme quartier libre (chouia compréhensible quand même!). N'hésitez donc pas à commenter et à contribuer dans ce site qui est le votre. Profiter véritablement de cet espace de liberté d'expression. Sans tabous. Ici, le partage est un rituel, la communication un réflexe et la participation un challenge. Faire d'El Journane une force de proposition jeune et tenter de faciliter le débat avec nos aînés. En respectant la diversité d'opinions, en prônant l'UNION, la fraternité, l'humour et l'amour entre Algériens. Luttant ainsi contre l'intolérance et la leguia.»

27 juillet 2010

Trilogie Algérie

Mohammed Dib

« L'œuvre littéraire de Mohammed Dib, commencée à la fin des années 1940, est aujourd'hui la plus importante de la production algérienne en langue française. Elle est aussi celle qui manifeste un renouvellement constant des formes et des thèmes en même temps qu'une grande continuité et une indéniable unité. »
Naget Khadda, Mohammed Dib, cette intempestive voix recluse, Édisud.


La trilogie « Algérie »


I


II



III

26 juillet 2010

Coupe de merde

Rafik Halliche blessé avant le match Egypte-Algérie


J'ai les doigts qui puent la sardine. Ca, ça peut s'arranger.
Pour l'haleine au relent de bière, un petit café et ça ira.
Je m'emmerde.
Personne pour parler avec moi. Younes et Bachir n'ont pas voulu m'accompagner. Même Amar, le tenant de « La Sirène », d'habitude aussi volubile qu'une commère, reste calfeutré dans sa cuisine, devant sa petite télé. Je le sais, j'entends les commentaires du match.
Les rues d'Oran sont désertes. Pour ce premier match de Coupe du monde 2010, pas âme qui vive. J'ai jamais vu ça. En plein après-midi, Wahran El Bahia, la ville la plus exubérante d'Algérie, aussi paisible qu'un village en pleine campagne. Impossible à croire. Et pourtant.

Sincèrement, je m'ennuie à mourir. Je suis seul, dans la mythique « pêcherie » du port. Qu'est-ce-que je m'en moque de cette Coupe du monde. Pire, elle me dégoûte.
Je ne comprends pas. L'équipe nationale de football est le seul motif de fierté de mon pays aujourd'hui. Quand je dis mon pays, je parle du peuple. Nous sommes descendus bien bas.

J'appelle Amar une première fois.
Rien.
Je crie cette fois-ci : « Amaaar ».
Une réponse enfin. Un « Ouaaaye » qui vient de loin, comme si j'avais tiré le restaurateur de la sieste. Le voilà qui quitte sa cuisine, traînant d'un pas nonchalant jusqu'à ma table. Je l'observe. Un bonnet bleu en laine en plein été, comme tout le reste de l'année. Des yeux noirs cernés jusqu'au menton. Un moustache à la Hitler, mais bien plus épaisse. Un visage buriné, une peau tannée par des heures de pêche au grand large. Non, il ne pêche plus. Alors disons que sa peau est brune d'origine. Sa tête posée sur un corps malingre habillé d'un pull marin dépassant d'une blouse blanche tachée d'huile dodeline lascivement au rythme de ses pas chaloupés. Il s'arrête devant moi sans rien dire et me lance un regard interrogateur.

- Amar, t'as pas chaud comme ça ?
- C'est pour ça que tu m'appelles ?
- Djibni kahwa ou ça y est.
- Un café ? D'accord. Après je ferme.

Il ferme ? Mais il ne ferme jamais la journée !

Je prends mon café dehors, sur la terrasse. Je ne veux plus entendre le son de la télé. Il fait si beau. Un grand soleil, un ciel bleu, un petit air marin agréable, la mer devant moi, et Oran pour moi tout seul pendant au moins une heure encore. Je me retourne, contemple la corniche, à l'Est. Là-haut, perché sur le Murdjado, au-dessus d'un écrin de verdure de la forêt des Planteurs, comme un rapace surveillant la plaine, s'élève le Fort Santa Cruz. Juste en dessous, une statue de la Vierge Marie, ouvrant largement les bras vers les cieux. Lella Meryem, protégez-moi.
Ne prenez pas garde au vocabulaire que j'utilise.
« Un écrin de verdure ». Zeema !
Oran est une grande ville portuaire du Maghreb, sale et poisseuse. Une ville qui ressemble à Marseille, mais en plus délabrée. On y trouve rien de précieux, du subtil. Oran, ça foisonne, ça grouille... Habituellement.

Marre. Je pose le café, laisse quelques dinars sur la table et me dirige vers la place des taxis.
Pas de taxi.
Si, un, caché dans un coin.

- Emmenez-moi au Front de mer.
- Mmmh.

Mmmh ? Pas de mots pour parler ? Lui aussi est absorbé par son match. Je suis bien obligé de subir.
Bon sang, il monte le son de la radio.

« Bougherra défend bien sur le porteur du ballon, et... Ahhhh, oui ! Il réussit à lui chiper la balle. Quelle solidité. Eeeet... bonne relance vers Yebda qui s'est teint les cheveux en blond pour l'occasion. Yebda, face à la pression de l'attaquant slovène remise sur Yahia qui tente de lancer Ziani dans la profondeur... Ouii, ça passe. Et ça combine bien. Une deux avec Belhadj qui repique vers le centre et qui la redonne à Ziani. Les Fennecs sont prêts des buts adverses et Ziani déclenche un tir... trop lointain pour inquiéter Handanovic. »

J'arrive pas à le croire. Putain de Coupe du monde. Mêmes les filles sont folles des joueurs.

Je sors du taxi et profite d'un conducteur bien trop concentré sur le match pour lui payer seulement la moitié de la course. Il ne s'en rend même pas compte.

13 juin 2010. Une date a marqué d'un makroud bien mielleux. Je suis seul sur le Front de mer. Wellah je suis seul. D'ici, j'entends même le bruit des vagues. Impensable.
Merde j'ai juré. Je suis pas seul en fait. Sur un banc, quatre homos profitent du calme pour squatter tranquillement alors qu'ils se tiennent habituellement à l'écart.

Je me ballade, soucieux. Oui soucieux. Oran inanimé, ça me rend malade. Ca sent la fin des temps. Qu'est ce que je vais bien faire. Je prends une rue perpendiculaire qui me fait remonter vers le centre et j'atterris à Bastille. Je prends à droite et passe sous les arcades. Pas un chat à Bastille. Dingue.
De l'autre côté de la route se succèdent les pizzerias, vides. Je traverse la voie les yeux fermés sans même avoir peur de me faire écraser. Je prends à gauche pour arriver au quartier le plus pouilleux, Saint Pierre. Toujours personne. Pas même un petit merdeux la morve au nez. J'ai le sentiment que je pourrais aller jusqu'à Sidi El Houari que je ne rencontrerai personne.
Je me sens mal.

Vous imaginez qu'il y a au moins une dizaine de chanson en l'honneur des Fennecs ? Des tubes que même l'imam de mon quartier doit connaître par coeur. Celle qui me fait le plus rire : « Jaw el Haramia ».

« Voici, voici, voici venu les enfants de voleur. Voici, voici, voici venu les enfants d'Egypte. »

Une ode à la victoire de l'équipe algérienne sur l' Egypte. Lors du deuxième match de qualification, les joueurs Algériens se sont fait caillasser par des supporters Egyptiens. Y a même eu des blessés. Dès lors, les relations politiques entre l'Algérie et l'Egypte se sont bien rafraîchies. Et au match de barrage joué au Soudan, Boutef a affrété trois avions pour les supporters aux frais de la sultane. Avec ça, prizidane pourra se représenter aux prochaines élections. Il gagnera haut la main.
J'arrive pas à le croire. Le gouvernement ne redistribue presque rien de nos richesses. Le taux de chômage est toujours aussi élevé. Et les Algériens sont heureux des actions de Bouteflika envers l'équipe d'Algérie. Ca me débecte et ça me laisse peu d'espoir.

Alors maintenant j'ai deux solutions. Ou je traîne encore dans les rues vides, ou je rentre chez moi rejoindre la famille qui regarde le match avec passion.  
Aïn